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Il ne tient pas assis!

Plusieurs causes peuvent être derrière une difficulté à rester assis.

Si l’agitation de l’enfant nuit à sa participation aux repas et/ou à sa réussite scolaire, une évaluation en psychomotricité est, à mon avis, tout indiquée. Seule une évaluation du profil individuel de l’enfant pourrait permettre de clarifier ce qui se passe dans sa propre situation

Ceci dit, voici, parmi d’autres, 5 raisons possibles pour lesquelles le corps d’un enfant est accro au mouvement ainsi que quelques solutions à essayer.

1. L’enfant ne bouge pas assez lors de ses loisirs.

Entre 6 et 9 ans, un enfant devrait bénéficier d’un minimum de 60 minutes d’activités motrices globales d’intensité modérée à élevée par jour. 

Néanmoins, pour un enfant qui a été carencé en opportunité de bouger pour se développer au cours de sa petite enfance et de son parcours préscolaire, il faut penser que ses besoins sont possiblement encore plus importants que ceux de l’enfant qui a bougé suffisamment et bien consolidé ses bases développementales avant 7 ans.

Pour remédier à ce problème, on peut prévoir du temps en matinée pour faire des jeux moteurs, idéalement à l’extérieur, avant l’école, après l’école et en soirée en plus de profiter des weekends pour faire diverses formes d’exercice.

2. L’enfant a une pauvre conscience de son corps dans l’espace. Le cerveau prend conscience de sa position dans l’espace par une intégration de différentes sensations :

• Tactiles (corps vs chaise/vêtements);
• proprioceptives (position des muscles et des articulations les uns en fonction des autres);
• vestibulaires (système de détection du mouvement et de la position de la tête en fonction de la gravité).

Une hypo-réactivité dans ce processus sensoriel peut rendre plus difficile la perception du corps dans l’espace.

Ce problème est amplifié lorsque l’enfant est immobile. Donc, bouger augmente l’intensité des messages sensoriels et l’enfant se sent mieux dans son corps en ressentant mieux sa position dans l’espace. L’enfant qui a des fragilités à ce niveau bénéficiera du fait que l’on propose à son corps différentes opportunités éducatives sur le plan sensoriel.

 Le psychomotricien est un professionnel bien outillé à ce niveau. Différents équipements peuvent également donner un coup de pouce (ex. peluche lestée, coussin d’air qui permet au corps de rester en mouvement).

3. Le poste de travail de l’enfant n’est pas ergonomique.

L’effort musculaire déployé pour compenser le poste de travail mal ajusté est épuisant. L’enfant est aussi possiblement inconfortable; il se réajuste donc fréquemment.

Un poste de travail ergonomique ne devrait pas être considéré comme un luxe, particulièrement pour les enfants de moins de 9 ans qui en sont encore à consolider leur développement sensorimoteur. Il est vrai que plusieurs enfants arrivent à bien fonctionner malgré une chaise ou un bureau trop haut ou trop bas. Malheureusement, pour certains, les défis qu’un poste de travail mal ajusté entraine, sont considérables, notamment en ce qui a trait à l’attention et à la disponibilité aux apprentissages.
Ces enfants sont ceux qui présentent encore des faiblesses de la force ou du contrôle des muscles de leur tronc et pour qui le maintien de la position assise demande encore un grand effort au corps. 

Un poste de travail bien ajusté peut aider en minimisant le travail musculaire et l’effort mental nécessaires pour rester assis longtemps. On observera aussi que l’enfant s’agite moins sur sa chaise; les mouvements servent à compenser la fatigue des groupes musculaires épuisés en utilisant d’autres muscles. En bougeant, les enfants cherchent en quelque sorte à changer le mal de place!

L’ajustement du poste de travail est le premier facteur à considérer et à régler pour donner un coup de pouce à un enfant lorsqu’il a du mal à rester assis. 

Dans un deuxième temps, d’autres stratégies, équipements ou exercices pourront être explorés lorsque le problème demeure présent malgré l’ergonomie assurée.

4. L’enfant est anxieux.

L’anxiété est une réaction naturelle au danger. Le processus enclenché par le corps pour réagir au danger est la réaction de lutte, d’immobilisation ou de fuite (fight, fright or flight). La sécrétion d’hormones de stress a différents effets dont :

• une augmentation du rythme cardiaque;
• une accélération de la respiration;
• une augmentation du tonus musculaire.

Ces hormones préparent le corps à un combat ou à une fuite. Il va sans dire que le maintien d’une position assise stable est très difficile dans cet état. Le corps ressent un besoin très intense de libérer les tensions musculaires par le mouvement.

Pour information, j’ajouterais également que la pression d’un objet dans la paume de la main de l’enfant a un effet calmant pour le système en état de stress pour des raisons très archaïques. Les enfants qui cherchent à avoir un objet dans les mains sont parfois des enfants qui ont trouvé ce moyen pour diminuer l’effet de l’anxiété. 

Pour aider l’enfant anxieux à mieux gérer la position assise, les pauses fréquentes (ex. aller aux toilettes) et l’opportunité de faire de l’exercice en dehors de la classe peuvent être une solution aidante.

5. Le corps de l’enfant n’est pas prêt pour le travail assis.

Pour clarifier ce point, prenons quelques instants pour explorer les préalables à la station assise. 

Rester assis demande plus que de la force, de l’endurance et du tonus musculaire1 dans le tronc. Rester assis sur une chaise implique aussi que certains réflexes de mouvements primitifs ne soient plus actifs; cela favorisera un contrôle du corps plus volontaire. Par exemple, un de ces réflexes relie les mouvements du cou à ceux du bassin. Imaginez un instant que chaque fois que l’enfant lève ou baisse la tête pour regarder l’enseignante ou sa feuille, son fessier glisse vers l’avant ou vers l’arrière selon le mouvement de son cou. Pas facile de rester assis sagement dans ce contexte!

De plus, il est fort probable que l’enfant qui a des immaturités reliées à l’intégration de ses réflexes primitifs ait aussi des difficultés à bouger ses yeux sans bouger sa tête. Or, pour bouger ses yeux, il doit bouger sa tête et bouger sa tête déclenche des mouvements involontaires de son bassin. Pour cet enfant, « la bougeotte » n’est pas un choix, mais une réaction automatique de son corps qu’il ne peut contrôler ou qui lui demande énormément d’énergie pour réussir à la contrôler. Le psychomotricien ou un autre professionnel ayant des compétences dans ce domaine pourrait évaluer cet aspect et recommander des exercices de remédiation.

Définition:

1. Le tonus est la fermeté (la stabilité) automatique des muscles lorsque ceux-ci ne sont pas volontairement utilisés.
2. Réflexes primitifs: Mouvements stéréotypés présents durant la première année de vie qui guident le développement sensorimoteur de l’enfant. Ces réflexes deviennent inactifs lorsque l’enfant développe un contrôle volontaire efficace de son corps qui lui permet de dissocier et de coordonner les différents segments de son corps

En somme, déterminer ce qui fait bouger un enfant et trouver la bonne solution n’est pas si simple. Vous pouvez procéder par essais et erreurs et tenter différentes choses. Si vous ne remarquez pas d’amélioration, considérez une évaluation en psychomotricité.

Claire CASTEL TURCI
Psychomotricienne

 
 
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